[n° ou bulletin]
Titre : |
HS N°125 - Février 2001 - Le Camp du Grand Arénas : Marseille, 1944-1966 |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Emile Temime (1926-2008), Auteur ; Nathalie Deguigné, Auteur |
Année de publication : |
2001 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
Marseille XXème Siècle Juif Immigré clandestin Vietnam Maghreb Palestine Émigration Immigration Réfugié |
Résumé : |
Cet ouvrage nous amène, sous la plume d'Émile Témime et de Nathalie Deguigné, dans l'immense pagaille qui suit la Libération. Marseille voit affluer des milliers d'hommes et de femmes qu' il faut abriter momentanément des regards indiscrets : travailleurs vietnamiens placés sous haute surveillance en ce début de guerre d' Indochine, Juifs, rescapés des camps d'Europe centrale ou venus du Maghreb.
Les auteurs ont décidé de réveiller cette mémoire bien enfouie depuis que, voici plus de cinquante années, les premiers réfugiés ont franchi à Marseille les portes du Grand Arenas. Ils ont reconstitué au quotidien des événements dont il ne reste apparemment aucune trace. Les témoins semblent absents : la plupart sont morts ou bien ont gagné des rivages lointains. Pour d' autres, l'intégration à la population française ne leur permet plus d'être identifiables , à quelques rares exceptions près. De plus, voilà plus de vingt cinq ans que l'on a procédé à la démolition des « drôles de baraques » dont le paysage urbain ne permet même plus un quelconque souvenir tant il est transformé. Et pourtant l'histoire ici retracée est grouillante de vie. Événements singuliers et sens général sont restitués dans un style littéraire agréable : à la lecture de l' ouvrage on se prend à penser qu'un travail sur l'amnésie, sur l'absence, peut se révéler plus précis et plus riche qu'une recherche à partir de continuités mnésiques, des témoignages directs d'une mémoire collective nécessairement recomposée au fil des ans. Une investigation documentaire restitue les moments et événements clefs qui, remis en proximité des autres populations contemporaines des séquestrés, livrent les clefs des sociabilités oubliées : le quotidien réinvestit les espaces vides de ce qui risquait de demeurer une froide reconstitution documentaire.
Tout au long de cet ouvrage les deux auteurs nous montrent comment des hommes et des femmes ont été maintenus dans un double isolement, celui qui touche naturellement l' étranger et celui qui tient à l'endroit même où ceux-ci ont été relégués. On apprend alors qu il ne s' agit pas forcément de l'histoire d' un ghetto mais davantage de celle du développement des liens sociaux d' une densité relationnelle telle, qu' elle déborde nécessairement des limites du « camp » pour investir de projets et de relations les espaces, immédiatement voisins et « lointains » à la fois, de la ville. |
[n° ou bulletin]
HS N°125 - Février 2001 - Le Camp du Grand Arénas : Marseille, 1944-1966 [texte imprimé] / Emile Temime (1926-2008), Auteur ; Nathalie Deguigné, Auteur . - 2001. Langues : Français ( fre)
Mots-clés : |
Marseille XXème Siècle Juif Immigré clandestin Vietnam Maghreb Palestine Émigration Immigration Réfugié |
Résumé : |
Cet ouvrage nous amène, sous la plume d'Émile Témime et de Nathalie Deguigné, dans l'immense pagaille qui suit la Libération. Marseille voit affluer des milliers d'hommes et de femmes qu' il faut abriter momentanément des regards indiscrets : travailleurs vietnamiens placés sous haute surveillance en ce début de guerre d' Indochine, Juifs, rescapés des camps d'Europe centrale ou venus du Maghreb.
Les auteurs ont décidé de réveiller cette mémoire bien enfouie depuis que, voici plus de cinquante années, les premiers réfugiés ont franchi à Marseille les portes du Grand Arenas. Ils ont reconstitué au quotidien des événements dont il ne reste apparemment aucune trace. Les témoins semblent absents : la plupart sont morts ou bien ont gagné des rivages lointains. Pour d' autres, l'intégration à la population française ne leur permet plus d'être identifiables , à quelques rares exceptions près. De plus, voilà plus de vingt cinq ans que l'on a procédé à la démolition des « drôles de baraques » dont le paysage urbain ne permet même plus un quelconque souvenir tant il est transformé. Et pourtant l'histoire ici retracée est grouillante de vie. Événements singuliers et sens général sont restitués dans un style littéraire agréable : à la lecture de l' ouvrage on se prend à penser qu'un travail sur l'amnésie, sur l'absence, peut se révéler plus précis et plus riche qu'une recherche à partir de continuités mnésiques, des témoignages directs d'une mémoire collective nécessairement recomposée au fil des ans. Une investigation documentaire restitue les moments et événements clefs qui, remis en proximité des autres populations contemporaines des séquestrés, livrent les clefs des sociabilités oubliées : le quotidien réinvestit les espaces vides de ce qui risquait de demeurer une froide reconstitution documentaire.
Tout au long de cet ouvrage les deux auteurs nous montrent comment des hommes et des femmes ont été maintenus dans un double isolement, celui qui touche naturellement l' étranger et celui qui tient à l'endroit même où ceux-ci ont été relégués. On apprend alors qu il ne s' agit pas forcément de l'histoire d' un ghetto mais davantage de celle du développement des liens sociaux d' une densité relationnelle telle, qu' elle déborde nécessairement des limites du « camp » pour investir de projets et de relations les espaces, immédiatement voisins et « lointains » à la fois, de la ville. |
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